Une cinquantaine de manutentionnaires sont déjà à l’ouvrage dans cet immense hall de 28.900 m² que Jost a terminé l’an dernier au Trilogiport de Liège. Les clarcks virevoltent dans tous les sens, certaines marchandises sont triées à la main et des robots emballent de plastique les nouvelles palettes.
« Ils sont en train de décharger et de trier les conteneurs, explique Patrick Senster, le responsable des ventes pour l’Europe du Nord chez Jost. On entrepose ensuite ici la marchandise dans l’ordre avant que des camions ne viennent la chercher pour l’acheminer à travers toute l’Allemagne et la France. »
Ceci est la première conséquence directe d’un énorme contrat que Jost a conclu il y a à peine six mois avec un géant de la distribution allemande, « mais dont nous sommes contractuellement obligés de taire le nom », reprend Patrick Stenser.
Du non-alimentaire
Sur toutes ces palettes, on peut y voir plic ploc des tables à langer pour enfants, des escabelles, des t-shirts, des baskets… Bref toutes les marchandises non-alimentaires qu’on retrouve dans les grandes surfaces commerciales. « Elles restent ici un maximum de 15 jours, poursuit le directeur. Mais il est vrai qu’avec les problèmes d’approvisionnement actuels en provenance de la Chine, on a reçu par exemple les guirlandes de Noël trop tard et notre client nous a demandé de les garder pour l’an prochain. »
Ce premier hall de stockage est le premier d’une série de trois. Les deux autres sont déjà sortis de terre et seront prêts pour le mois de mai. « Nous ajouterons alors 26.500 et 16.500 m² supplémentaires, soit au total 72.000 m² dédiés à ce seul client. » Ce qui est énorme puisque, à titre de comparaison, le projet global d’Alibaba à Liege Airport atteindra à terme les 90.000 m².
À la cinquantaine de travailleurs déjà engagés s’ajouteront une cinquantaine d’autres, dont 30 % provenant de l’entreprise de travail adapté Jean Del’Cour de Grâce-Hollogne (voir hors-texte). Et il faudra y ajouter autant d’indirects chez leurs sous-traitants.
Premier opérateur du Trilogiport
Jost se positionne ainsi comme le principal opérateur du Trilogiport, ce vaste ensemble de terrains situés entre la Meuse et le canal Albert à Hermalle et entièrement voué à la logistique. En provenance du monde entier (mais surtout de Chine), la marchandise arrive en effet au port d’Anvers par bateaux. Puis est transbordée dans des barges qui remontent le canal Albert jusqu’à Hermalle.
C’est en 2018 que le groupe a démarré avec un premier hall de stockage de 44.000 m². « Consacré à l’alimentaire non refrigérable, comme des boîtes de conserve ou des pâtes pour d’autres supermarchés, détaille Patrick Senster. Mais nous avons aussi le stockage de granulats et de polymères qui servent à la fabrication de pare-chocs de voitures ou de jouets. 35 personnes travaillent ici. »
Et ce n’est pas fini puisque Jost projette également d’ici 2023-24 de construire encore un cinquième hall, de 60.000 m² celui-là, « car la demande est forte, souligne satisfait le responsable des ventes Nord. Et nos 176.000 m² seront tous à termes équipés de détecteurs de mouvements et surmontés de panneaux solaires afin d’économiser l’énergie. »
Histoire de compenser quelque peu leur impact écologique.
Le Trilogiport devient l’arrière-port d’Anvers
Si Jost a choisi de s’installer au Trilogiport, c’est parce que tout est y est conçu pour la facilité de transport et de manutention des marchandises. Rien que pour ce fameux client allemand, ce ne sont pas moins de 20.000 conteneurs de 23 tonnes par an dont il est question. Et il n’est pas le seul.
En provenance du monde entier, mais particulièrement de Chine, ces conteneurs arrivent en effet au port d’Anvers par bateau. Là, ils sont directement placés sur de grandes barges qui peuvent contenir une soixantaine de conteneurs de 20 mètres.
Ces barges remontent ensuite le canal Albert durant une dizaine d’heures jusqu’à Hermalle où la société LCT du groupe Portier les place ensuite sur des petits véhicules spéciaux, les « Terberg », afin de les acheminer à l’entrée des halls de stockage de chez Jost ou d’autres opérateurs.
Une fois déchargées et triées, ces marchandises repartent ensuite par camion, via le très dense nœud autoroutier liégeois, vers leur destination finale. Voire même par train puisque la ligne qui provient de Chertal a été prolongée jusqu’au Trilogiport.
Le problème d’Anvers
Mais pourquoi les clients ne font-ils donc pas tout cela directement à partir du port d’Anvers ? « Son problème, c’est son accessibilité, explique Patrick Senster. Le ring d’Anvers est sans cesse embouteillé et les camions y perdent chaque jour deux ou trois heures. En venant chercher la marchandise à Liège, c’est deux heures de route et autant de bouchons épargnés pour les camions qui veulent se rendre à l’est ou dans le sud de l’Europe. »
Et tout ce système, c’est bien sûr aussi tout bénéfice en matière de diminution de la pollution de l’air et du danger sur nos routes et autoroutes.
« Ce Trilogiport est effectivement très bien situé, reprend le directeur commercial de Jost pour l’Europe du Nord. Non seulement pour le canal Albert qui le relie directement au port d’Anvers, mais aussi avec le port de Rotterdam via la Meuse que les barges peuvent reprendre via l’écluse de Lanaye. »
Et de souligner également le grand intérêt du canal Albert « qui est accessible 365 jours de l’année grâce à la régulation de son débit via différentes écluses. » Ce qui n’est pas le cas du Rhin soumis à des aléas réguliers de son débit qui ne le rend pas navigable en permanence.
Trafic fluvial en hausse de 7% pour le port de Liège en 2021
En 2021, le trafic fluvial du Port de Liège a renoué avec la croissance avec 15 millions de tonnes de marchandises manutentionnées par la voie d’eau, soit une hausse de 7% par rapport à l’année précédente.
Pour la première fois depuis 10 ans cependant, le trafic de conteneurs enregistre un très léger recul (- 2%) avec près de 114.000 conteneurs manutentionnés sur les trois terminaux du Port de Liège, en raison de la crise liée à la pandémie du coronavirus et des problèmes de logistique de la chaîne mondiale.
Aujourd’hui au Trilogiport, ce sont 180.000 m² de halls logistiques déjà construits, soit deux tiers de la surface. La plupart par le groupe Jost, mais aussi par WDP et Weerts. Le tiers restant devrait suivre dans les deux prochaines années.
Grâce aux divers développements des concessionnaires et utilisateurs présents, le Trilogiport génère actuellement 580 emplois directs et 1.740 emplois indirects.
Article de la Meuse, publié le 18/02/2022, cliquez ici pour avoir accès à l’article